lundi 8 janvier 2018

L'adieu à France Gall.

France Gall en 2015© Thierry BOCCON GIGOD
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De Gainsbourg à Michel Berger, son Pygmalion et ancien mari, France Gall a rayonné pendant cinquante ans sur la scène musicale française. Elle laisse derrière elle un répertoire de tubes inoxydables.

Elle a rejoint Michel Berger, Johnny Hallyday et tant d’autres au Paradis Blanc. France Gall s’est éteinte dimanche 7 janvier matin, a annoncé sa chargée de communication, Geneviève Salama. La chanteuse, âgée de 70 ans, était hospitalisée depuis deux semaines pour une infection sévère. En 2016, elle avait déjà été hospitalisée à la suite d’une intoxication médicamenteuse.

Depuis la mort brutale de Michel Berger, en août 1992, suivie cinq ans plus tard de celle de leur fille, France Gall n’avait plus guère chanté. Quelques enregistrements et quelques concerts dans les années 1990 avant un long silence dont elle était sortie en 2015 pour défendre un projet qui lui tenait à cœur : la comédie musicale Résiste remettant au goût du jour les tubes du couple, jouée à Paris puis partout en France. Un spectacle dans lequel elle apparaissait en vidéo - mais pas sur scène - comme narratrice se souvenant de son Pygmalion.

Les années Gainsbourg
Avant d’être la "groupie" préférée de Michel Berger, France Gall, née le 9 octobre 1947 à Paris sous le prénom d’Isabelle, fut la "poupée" d’un certain Serge Gainsbourg, qui lui écrit en 1964 "N’écoute pas les idoles" et "Laisse tomber les filles".

La jeune fille blonde aux joues d’enfant prête encore son rire à Gainsbourg pour "Pauvre Lola" et l’homme à la tête de chou lui écrit bientôt "Poupée de cire, poupée de son", chanson avec laquelle elle remporte l’Eurovision en 1965 (pour le Luxembourg) et qu’elle chantera en six langues dont le japonais.

France Gall à l'Eurovision en 1965. France Gall à l'Eurovision en 1965. | AFP

La blessure vient avec un autre titre de Gainsbourg, "Sucettes à l’anis" (1966), dont elle ne saisit les allusions salaces qu’avec les moqueries et le scandale : "Je ne l’aurais jamais faite, cette chanson, si on m’avait expliqué le sens", dira-t-elle plus tard.

À ce moment, la jeune Isabelle Gall n’a pas encore 20 ans mais déjà un solide passé musical, notamment grâce à son père, le chanteur et parolier Robert Gall. Celui-ci a notamment écrit des chansons pour Piaf ("Les amants merveilleux", en 1960) ou Aznavour ("La mamma", en 1963).

France Gall à Cannes en 1966, avec une sucette. Référence à Gainsbourg. France Gall à Cannes en 1966, avec une sucette. Référence à Gainsbourg. | AFP

"Mon père m’a entraînée très jeune dans les coulisses des spectacles, ma mère jouait du violoncelle, mon oncle de l’orgue, mes frères de la guitare", se souvenait celle dont le grand-père maternel, Paul Berthier, était aussi compositeur de musique liturgique et cofondateur des Petits chanteurs à la croix de bois. À 16 ans, plutôt que de redoubler sa troisième, elle chante "Ne sois pas si bête" (1963), d’emblée un succès.

D’Isabelle à France
Son directeur artistique Denis Bourgeois la rebaptise France. "Elle a aussi très mal vécu le fait d’en changer. Son entourage artistique considérait que son prénom était trop long et impossible à prononcer dans les pays anglo-saxons. De plus, c’était aussi le prénom d’Isabelle Aubret, qui était déjà une vedette, racontait en 2016 à Ouest-France son biographe, le Quimpérois Pierre Pernez. À cette époque, tout le monde parlait d’un match de rugby « France-Galles », d’où son nom d’artiste. Elle a détesté ce prénom pendant longtemps."

Parallèlement, France Gall chantera aussi "Sacré Charlemagne" (1964) dont les paroles ont été écrites par son père, encore un succès pourtant initialement chanté à contrecœur par peur du ridicule.

De Claude François à Michel Berger
Dans ces années 1960 virevoltantes, elle a une brève liaison avec Claude François à qui leur rupture inspirera "Comme d’habitude". Après "Bébé Requin" (1967), sa carrière piétine. Elle vit cinq ans avec Julien Clerc, le quitte. Il chantera "Souffrir par toi n’est pas souffrir".

En 1973, la rencontre avec Michel Berger va ouvrir un nouveau chapitre. C’est "La déclaration d’amour" (1974), l’album "France Gall" et un mariage le 22 juin 1976 suivi du duo "Ca balance pas mal à Paris". Le couple aura deux enfants, Pauline en 1978 et Raphaël en 1981.

"Le bonheur dans ce métier, je l’ai trouvé avec Michel", dit France Gall qui lui doit de nouveaux tubes - "Tout pour la musique", "Résiste", "Il jouait du piano debout", "Débranche", "Diego libre dans sa tête", "Cézanne peint".Elle retrouve la scène avec un orchestre féminin (1978), participe à l’opéra-rock "Starmania" (1979), chante avec Elton John ("Donner pour donner", 1980). L’époque est à l’humanitaire, le couple s’investit en Afrique, achète une maison à Dakar et signera "Babacar".

France Gall, époque Babacar France Gall, époque Babacar | AFP

Mais le malheur guette. Le 2 août 1992, deux mois après la sortie de leur album "Double jeu", Michel Berger meurt à 44 ans d’un infarctus. Un cancer du sein frappe France Gall l’année suivante. Elle continue encore la scène mais se retire sur l’île de N’Gor, au Sénégal, après la mort de leur fille Pauline de mucoviscidose en 1997. Depuis 1995, elle partage sa vie avec le musicien Bruck Dawit, un ancien collaborateur de Sting, Prince ou les Rolling Stones.

Source : cliquez ICI.

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