jeudi 22 décembre 2016

Adieu Michèle Morgan.


A coup sûr, Michèle Morgan, qui vient de mourir le mardi 20 décembre à l’âge de 96 ans, connaissait, dès le début de sa carrière, les mots par lesquels commencerait son épitaphe. En l’occurrence, la fameuse saillie de Jean Gabin dans Le Quai des brumes (1938), de Marcel Carné, le film qui forgera la légende et la place si particulière de l’actrice dans le cinéma français. « T’as d’beaux yeux, tu sais », lui glisse Jean Gabin avec une douceur extrême, phrase qui serait restée anodine si elle n’avait exprimé une évidence pour tous ceux qui, au-delà de Gabin, découvraient le visage de l’actrice.
Michèle Morgan a dû composer avec son regard toute sa carrière. Ses Mémoires, publiés en 1977, s’intitulaient Avec ces yeux-là (Robert Laffont). Le titre sonnait comme une forme de dépit, étant acquis que l’actrice française était, toute sa vie, restée prisonnière d’un moment. On l’oublie souvent, à la fameuse évidence de Gabin dans Le Quai des brumes, Michèle Morgan répondait timidement, mais fermement : « Embrassez-moi. » Elle n’était pas seulement un objet de désir, mais une actrice à la sexualité affirmée, formulant ses désirs. Une femme qui menait les débats, c’est-à-dire une star.

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L'actrice décédée ce mardi 20 décembre décida, en 2001, de faire ses adieux au cinéma pour se consacrer, avec la modestie qui la caractérisait, aux arts graphiques et au dessin.
Pour travailler dans ses ateliers de Neuilly et de Saint-Tropez, Michèle Morgan portait la blouse que sa grand-mère lui avait taillée. Modeste, fidèle à son image, elle retrouvait dans l'exercice de la peinture et du dessin, un exutoire au cinéma. Devant une toile, elle retrouvait, disait-elle, une tranquillité d'esprit. En 2001, épuisée par son métier de comédienne, elle décidait enfin de s'y consacrer à plein-temps.
Son goût pour le dessin est né dès son adolescence. Mais elle attend d'être enceinte de son fils Mike, au début de l'année 1944, pour reprendre les pinceaux. Comme elle vit en Californie, elle fréquente alors l'académie de peinture de Los Angeles. Pour ses premières œuvres, elle peint son mari Bill Marshall, son fils, sa belle-mère...
Quelques années plus tard, de retour en France, encouragée par la mère de Gérard Oury, elle continue à travailler en s'inspirant cette fois des maîtres abstraits à la mode à l'époque. De son propre aveu, elle s'amuse alors à essayer différentes approches: «J'ai alterné les styles, entre tachisme, figuratif, aquarelle et collage.»
Michèle Morgan, bien que passionnée par l'art pictural, ne s'est jamais considérée comme un grand peintre. En 2008, elle avouait: «Je n'ai pas de génie mais cela occupe ma vie. Il y a ceux qui apprécient, qui trouvent que ce n'est pas si mal pour un amateur et d'autres non, parce que c'est signé Michèle Morgan. Je crois quand même que ce n'est pas trop moche.»
Éprise des couleurs, Michèle Morgan peignait en aigue-marine, inventant des oiseaux en offrant parfois sur une toile le souffle d'un cygne énamouré. L'immense actrice a toujours souhaité être reconnue comme une artiste. Et aujourd'hui, l'on peut affirmer que l'élégance de ses œuvres, comme son admirable interprétation de La Symphonie pastorale, participe de sa postérité.

Fleurs à fond jaune, Michèle Morgan.
Source : lefigarofr



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Quelques dates
29 février 1920 : Naissance à Neuilly-sur-Seine
1937: Joue dans Gribouille, de Marc Allégret
1938 : Le Quai des brumes, de Marcel Carné
1942 : Joan of Paris, de Robert Stevenson
1943 : Two Tickets to London, d’Edwin Marin
1944 : Passage to Marseille, de Michael Curtiz
1955 : Les Grandes Manœuvres, de René Clair
1967 : Benjamin ou les mémoires d’un puceau, de Michel Deville
1975 : Le Chat et la Souris, de Claude Lelouch
1977 : Publie ses Mémoires Avec ces yeux-là (Robert Laffont)
20 décembre 2016 : Mort à l’âge de 96 ans

Michèle Morgan en cinq rôles. 
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2 commentaires:

  1. Bel hommage à Michèle Morgan, femme incomparable et actrice formidable ! Je me souviens de son rôle dans la Symphonie pastorale, au revoir, Madame ! Martine.

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    1. Oui une très grande dame. merci de ton commentaire, bonnes fêtes.

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