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Photos : Mireille Mathieu : droits Abilène Disc.
Bientôt Noël, cette fête magique et merveilleuse où l'on se retrouve en famille avec des personnes que l'on aime.
Depuis qu`elle était toute petite, Mireille a toujours aimé cette fête qu`elle passait avec ses proches.
Nous vous proposons aujourd'hui de toucher du bout des doigts, de frôler doucement avec votre âme à la magie de Noël décrite par Mireille…
Le premier Noël dont j’ai souvenance, j’avais quatre ans. Papa avait retrouvé sa santé, sa gaieté. Il chantait à la maison, à l'atelier de papet, et dès que je l’entendais, comme le serpent levant la flûte, je restais subjuguée. Dès qu’il prenait sa voix de ténor, j’essayais de le suivre en gazouillant. Ravi, il décréta que cette année je chanterai la Pastorale.
Encore une tradition. Après la messe de minuit, dans la salle de patronage adossée à l’église Notre-Dame-de-France, les amateurs, principalement des gens du quartier, en costume du pays, devenaient des santons vivants, jouant et chantant en provençal. Je n’y comprenais pas grand-chose, mais papa se naquit au jeu de m’apprendre le cantique.
« Elle est bien trop petite, protestait maman. Et timide comme elle est, toute craintive, tu vas me la rendre bécasse, peuchère ! »
Car maintenant maman avait l’accent, à croire qu’elle n'avait jamais mis les pieds à Dunkerque.
« Bécasse ! Bécasse ! bougonna papa. Je vais en faire un rossignol ! »
On me bricola un joli petit costume. A la répétition, je fus parfaite, comme à la maison, l’œil dans l’œil de papa, qui se tenait en bas de la scène. Mais le soir même...
« Faut-il que je lui donne du romarin pour la calmer ou de la sauge pour la pousser? demanda maman à la mamet qui n'avait rien prévu pour une circonstance pareille. Donnons-lui du miel pour la voix ! »
J’étais paniquée : la salle pleine, les gens que je connaissais et qui m’apostrophaient... Je démarrais le cantique, mais, à la quatrième mesure... le trou. Je cherchais des yeux papa, désespérément. Il me souffla. Je n’entendais rien, j’étais au fond du trou ! Il persista, je remontais à la surface à la joie générale. J’avais connu mon premier trac, ma première angoisse, mon premier public qui maintenant m’applaudissait. Papa me donna une sucette. Personne ne savait que c’était mon premier cachet.
Mon deuxième cachet... Non, ce ne fut pas un cachet mais un émerveillement, j’étais à la maternelle. J’aimais beaucoup aller à l’école : elle n’était pas loin de la maison, il y avait un très beau rosier à l’entrée, et c’est lui, peut-être, qui m’a donné le goût des parfums. Je guettais ses roses. C’était un vrai plaisir que de les voir s’ouvrir ou se refermer le soir quand on quittait l’école. Je croyais que c’était pour me dire bonsoir, je leur parlais. Naturellement, ces roses, elles étaient fréquentées par les abeilles, et je me disais : ça doit être bien agréable d’être petite abeille pour avoir le droit de se fourrer ainsi dans la douceur rose et la senteur d’une fleur. Si j’avais, à l’époque, rencontré une fée, je lui aurais volontiers dit : « Madame, ce qui me ferait plaisir, c’est d’habiter une rose ! » Et j’y pense brusquement, c’est probablement ce désir d’enfant qui m’a fait choisir un satin rose pour parer ma première chambre de vedette quand j’ai emménagé dans mon premier appartement à Neuilly !
« Tu as vu ça à Hollywood ? » m’a demandé une amie.
Eh bien, non, je crois que c’était mon souvenir de la maternelle ! J’aimais aussi beaucoup la directrice, MmeAubert. Et j’aimais aussi les petites poésies qu’on apprenait. Elles parlaient encore de fleurs ou d’animaux, et elles étaient bien drôles à retenir :
"Le petit poussin
Picore le grain
Le petit lapin
Saute dans le thym
La poule rousse
Pond sur la mousse
Et le cochon rose
Sur la paille se repose.
Il y avait aussi :
Le lapin qu’a du chagrin
La fourmi qu’a du souci
Le p’tit rat qu’a du tracas
Comment arranger tout ça !"
Quelquefois, ça se chantait, et alors là, depuis que papa m’avait dit que j’étais un rossignol... j’en profitais ! Si bien que pour Noël, cette fois, on me donna une vraie chanson à défendre, pas une comptine !
Ma poupée chérie Ne veut pas-a-a dormir !
J’allais la chanter devant tous les autres enfants pour l’arbre de Noël de la maternelle. Bien entendu, j’aurais moi aussi mon jouet. Mais le jouet, ça m’était bien égal, et je ne me souviens même plus de ce qu’il était. La merveille, c’était la robe, la robe que pour cette occasion on me prêtait. Quand on me la mit sur le dos et que je la vis dans la glace... Elle était en organdi, légère, vaporeuse, et rose! J’étais devenue fleur! C’était le miracle! Cette fois, je n’ai pas connu le trac... C’était comme si les anges m’avaient emportée au ciel !
***
On aurait pu être heureux, mais cette année-là l`hiver s’annonça rigoureux. La mamet l’avait prédit en regardant les oignons. Ils étaient plus que d’habitude emmitouflés dans leurs peaux. Le froid commença à s’infiltrer partout. La maladie aussi força la porte. Les jambes de maman recommencèrent a saigner
« Mes petites cailles, disait-elle à Matite et à moi, il va falloir me remplacer... vous occuper de la maison... »
Ce n’était pas facile. On était bien petites encore. Malgré mes six ans et demi, je n’avais pas beaucoup grandi. Il me fallait monter sur un petit banc pour poser ma bassine sur le poêle afin de faire chauffer l’eau de la vaisselle... et c’était lourd, c’était lourd... Avec les grosses marmites, je n’y arrivais pas, alors je les lavais à l`eau froide. L’eau du robinet était glacée. C’était un de ces hivers terribles où chacun reste cloîtré chez soi. On se sentait seuls.
Ce qui passait la porte, c’était le froid. Il y avait bien le poêle au milieu de la pièce en bas, mais en haut, c’était glacial. Papa essayait par tous les moyens de nous réchauffer. Il mettait des briques sur le poêle, et quand elles étaient brûlantes, il nous les glissait dans le lit, et le temps qu’on se déshabille, il faisait flamber de l`alcool dans une bassine, mais ça ne durait que deux minutes. Quand Christiane commença à tousser, j’ai su que la toux allait tous nous embrocher. Dans les familles nombreuses on partage tout, y compris les microbes.
Ce fut le pire Noël de ma vie... Pour nous remonter le moral, papa avait monté la crèche:
« C’est une mauvaise passe, disait-il. Dès que maman va revenir, ça ira mieux. Il faut tenir jusque-là. »
Manque de chance : le Baptiste appela papa au secours, la mamet était tombée malade dans sa campagne, très éloignée de la maternité où était alitée maman. Papa faisait le chemin à pied entre sa femme et sa mère. Pauvre papa : quelle mine il avait, lui aussi...
Ce sinistre soir de Noël, il était donc parti dans la nuit noire.
Matite se mit à grelotter de fièvre, je l’envoyai se coucher avec les autres. Maintenant, j’étais toute seule.
Parce que la plus solide, c’était moi. J’avais déjà eu la varicelle et la coqueluche, mais j’étais toujours la dernière atteinte et toujours la première guérie. Ce soir-là, je n’étais plus le « bon petit soldat » mais le « tout seul », l’exténué, celui qui n`a plus le cœur à se battre.
J’avais l’impression que j’allais mourir de chagrin sur place, devant cette bassine sale et trop lourde que je n’arrivais plus à soulever, ce poêle qui n’avait plus de charbon, et moi qui n’avais dus de courage, seulement des sanglots qui me secouaient comme une maladie. Pour être moins glacée, j’avais mis mes petits pieds dans le four éteint. Et je parlai à Dieu : «Seigneur, tu ne peux pas nous laisser comme ça ! C’est pas possible. On n’a plus rien. Tout le monde est malade. Qu’est-ce qu’on va devenir ? Moi, je ne sais pas quoi faire, je suis trop petite, mais toi, Seigneur, fais quelque chose pour nous aider, fais un miracle, je t’en prie, fais un miracle ! » Et là, j’ai appris que la prière, c’est une bénédiction. Papa m’a retrouvée endormie de fatigue, de froid aussi, la tête sur mon petit banc. Mais apaisée. Avec la certitude que maman reviendrait. Et que la mauvaise passe, comme disait papa, eh bien, elle passerait.
De ce jour, et du plus profond de moi-même, j’ai toujours prié. Dieu sait que j’ai toujours eu beaucoup à lui demander! Des angoisses, des peurs, des chagrins, il y en a eu. J’en aurai encore. Je ne suis pas au bout de la route. Mais je sais aussi que je ne serai jamais plus seule. Dieu est là. Je le trouve partout, en moi dans ma solitude, aux quatre coins du monde quand je voyage, et peu m’importe où et comment on le vénère : un lieu saint est un lieu saint. Ma foi n’a rien d’une foi apprise, transmise. Je l’ai trouvée et éprouvée toute seule, devant un feu éteint, par une nuit noire, une nuit de Noël.
Source le livre : "OUI je crois" l'unique biographie de Mireille Mathieu.
les Montages photos sont de "Mfrance-2013" |
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Formidable et bon Noël à Mireille et à vous tous qui faite ce blog magique le meilleur et de loin sur Mireille (mais aussi d'autres artistes) ! Merci pour cet extrait du livre de MIMI, beau travail (comme d'habitude). Là où certains font de vagues photos-montage,(qui passent d'un blog à un autre et à un autre etc ...) pas toujours heureux et des scans d'articles incompréhensibles, des rubriques dans tous les sens, des ragots dont on ce passerait bien d'entendre, ou de ré entendre, vous, vous continuez votre chemin de haut niveau. Résultat le succès de votre blog et votre page est énorme. Merci encore.
RépondreSupprimerBeau travail comme toujours. Merci ce blog est fantastique. Merci pour notre MIMI. Et Bravo pour les VRAIES traductions parfaitement bien faites, par sur logiciel où en ligne comme on peut voir ailleurs et qui est quasi incompréhensible. Faudrait qu'ils lisent ce qu'ils collent après avoir fait une traduction en ligne. Bon pour ça faut avoir la classe.
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